Quinze ans après avoir inauguré la série des Monumenta au Grand Palais en 2007, Anselm Kiefer est le premier plasticien à investir l’intégralité de l’espace du Grand Palais Éphémère.

Une expo gigantesque !

Avec Pour Paul Celan, Anselm Kiefer poursuit son travail sur la mémoire européenne dont la France et l’Allemagne sont les grands acteurs.

Dans cette exposition des sculptures, installations, et 19 toiles de grand format interagissent avec la poésie inapaisée du grand poète de langue allemande, Paul Celan.

L’œuvre de Paul Celan a sans cesse été présente dans les peintures d’Anselm Kiefer. Cela a commencé à l’adolescence avec la découverte du poème « Todesfuge » (« Fugue de mort »), et l’influence de Celan s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui avec ce nouvel ensemble de peintures.

Ce dialogue se densifie au cours des dernières années et notamment en 2020 à la faveur de la période d’isolement du confinement.

Dans les extraits de son journal, rédigés pendant la préparation de l’exposition au Grand Palais Éphémère, Anselm Kiefer écrit :

Celan ne se contente pas de contempler le néant, il l’a expérimenté, vécu, traversé (…) la langue de Paul Celan vient de si loin, d’un autre monde auquel nous n’avons pas encore été confrontés, elle nous parvient comme celle d’un extraterrestre. Nous avons du mal à la comprendre. Nous en saisissons ça et là un fragment. Nous nous y accrochons sans jamais pouvoir cerner l’ensemble. J’ai humblement essayé, pendant soixante ans. Désormais, j’écris cette langue sur des toiles, une entreprise laquelle on s’adonne comme un rite.

L’exposition au grand palais : comment mettre Celan dans une salle construite pour des olympiades ?

N’est-ce pas une entreprise impossible, blasphématoire ? Tes grands tableaux dans lesquels tu cites Celan : n’est-ce pas comme si tu placardais Celan sur des colonnes Morris ? Ne devrais-tu pas mettre le feu aux tableaux, les brûler en public ?
Selon le penseur et cinéaste Alexander Kluge, les tableaux d’Anselm Kiefer font vivre les vers de Celan, qu’ils commentent, et en retour les vers du poète donnent vie aux peintures. Ici les disciplines artistiques s’emparent des conflits de l’histoire, même si, toujours selon Alexander Kluge, « un Bauhaus pour la prévention de la guerre, » ça n’existe pas.


Cette exposition se déroule au moment où la France prend la présidence de l’Union européenne.

Elle en est une forme de prologue, comme si, selon les mots d’Anselm Kiefer, « Madame de Staël s’adressait à l’Allemagne ».

Les peintures de « Pour Paul Celan » sont posées dans l’espace dénué de scénographie classique et de cimaises. Sans chronologie. Comme les mémoires – non traitées – de notre existence humaine.


Le Grand Palais Éphémère

Espace monumental de 10 000m2 conçu par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, le Grand Palais Éphémère est l’environnement vivant de cette installation.

L’Ecole Militaire ainsi que les bâtiments modernes de l’UNESCO au Sud, feront écho aux leitmotivs qui hantent l’œuvre de l’artiste : l’histoire politique de l’Europe traversée par ses conflits.
Un ouvrage accompagne le projet, rassemblant des textes du philosophe Emanuele Coccia, de l’artiste Edmund de Waal, du cinéaste Alexander Kluge et du conservateur Ulrich Wilmes ainsi que des extraits du journal d’Anselm Kiefer.
Exposition ANSELM KIEFER POUR CELAN
Commissariat : Chris Dercon, Président de la Rmn – Grand Palais
Horaires : tous les jours de 10h à 19h nocturne jusqu’à 21h les vendredi et samedi (sauf les 24 et 25 décembre : fermeture à 19h)
tarifs: 13 € / 10 € (TR)
gratuit pour les moins de 16 ans
tarif réduit : carte famille nombreuse, demandeur d’emploi
Accès : Grand Palais Éphémère, Place Joffre, 75007 Paris
métro : arrêt « La Motte Piquet Grenelle » par les lignes 6, 8 et 10
arrêt « Ecole Militaire » par la ligne 8
bus : arrêt « Ecole Militaire » par les Bus 28, 80, 86, 92
arrêt  » Général de Bollardière » par les Bus 80 et 82
Informations et réservations : www.grandpalais.fr
ouvrage publié aux éditions de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2021 :