Le Horla que j’ai récemment évoqué dans la rubrique « Cultu » de ce blog, m’a donné envie de relire ce petit livre de la collection « A 20 ans ».

Moi qui suis intimement persuadée que, plus que toutes forme d’éducation, ce sont les évènements que l’on est amené à vivre qui nous façonnent, j’apprécie beaucoup cette collection qui présente chacun des écrivains au moment où, « à 20 ans », il n’est encore qu’un jeune en devenir…

Et du coup ces petits livres nous plongent dans leur « histoire » avec en prime toutes ces petites anecdotes qui ont contribué à l’élaboration de sa personnalité et par la même occasion, de son œuvre.

 « Guy de Maupassant à 20 ans »

Une histoire sous forme de mini biographie que nous raconte la journaliste Françoise Mobihan.

« […] Guy de Maupassant a 18 ans lorsque, renvoyé de l’institution ecclésiastique qu’il avait en horreur, il se retrouve à la résidence de vacances d’Etretat car sa mère Laure a choisi de s’y installer avec ses deux fils, laissant leur père Gustave à Paris,  car elle ne  supporte plus ses « incartades avec des filles de rien »[…]

Cette post-adolescence à Etretat dont il appréciera chaque seconde, marquera fortement la vie et l’œuvre du futur écrivain […]

C’est l’époque où il fait la connaissance de Gustave Flaubert, ami d’enfance de sa mère Laure, auteur de Salammbô .
Cette amitié gravera l’influence de Flaubert à jamais dans son histoire : «A mon grand et cher maître Gustave Flaubert, l’homme que j’aime le mieux et que j’admire le plus » écrira-t-il en dédicace de l’une de ses pièces (p.141)

Toute sa vie, Flaubert restera toujours à ses yeux «…l’illustre et paternel ami que j’aime de toute ma tendresse […] l’irréprochable maître que j’admire avant tous…» (p.144)

Une fois son baccalauréat en poche, Guy s’en va vivre à Paris où il se laisse « happer par les remous enivrants des boulevards » (p.80), entre écriture, sport intensif et vie sexuelle débridée: «…toute sa vie Maupassant ira de femme en femme…» (p.23), «il aimait les lieux où grouillent les filles publiques, leurs bals, leurs cafés, leurs rues …»[…]
Mais il revient très rapidement à sa vrai passion, le sport et «file respirer hors de Paris » pour des parties de canotage mémorables…

Guy partage alors son temps entre sa vie « tumultueuse » et le Ministère de la Marine où il est forcé de travailler pour gagner sa vie mais dont il méprise les «petits fonctionnaires ».

Diners mondains et belles rencontres jalonnent son parcours littéraire que l’on pourrait qualifier d’initiatique : Flaubert «révélateur du mystère enivrant des lettres», Alphonse Daudet, Emile Zola, Tourgueniev, Huysmans, Edmond de Goncourt…

Guy de Maupassant est plongé dans ce monde où émergent pensées naturalistes et poèmes immoraux…
Viennent ensuite les déménagements, le succès (à 29 ans, obtenant enfin son congé il ne remettra plus jamais les pieds au Ministère…), les excès en tous genres…et pour finir, la maladie :

«J’ai la vérole!

Enfin!

La vraie!

Pas la misérable chaude-pisse […] la grande vérole, celle dont est mort François Ier…» 

extrait de la lettre que Guy adresse à Pinchon le 2 mars 1877 p.131

Mais à cette époque, on en meurt, et c’est donc une paralysie générale, manifestation neurologique de la syphilis qui emportera Guy De Maupassant le 6 juillet 1893.

MON AVIS

Ce fut un vrai régal de lire ce petit livre truffé de références à des œuvres (déjà écrites ou futures) : «l’Arc de Triomphe qui découpe sa masse moire sur le fond éclatant de l’horizon […] annonce le triste fin du père Leras dans Promenade… ».

Je ne sais si c’est sa formation de journaliste qui donne à Françoise Mobihan cette capacité à donner au lecteur l’impression de côtoyer Maupassant, d’être là, avec lui et de l’accompagner dans ses virées parisiennes

Cette biographie d’un genre nouveau nous montre sous un jour différent le jeune homme que fut Guy de Maupassant bien avant de devenir «le» Maupassant dont on étudie les œuvres au collège.

Si vous avez l’occasion de le lire, venez donc me dire ce que vous en aurez pensé.

Infos pratiques:

Guy de Maupassant à 20 ans
Françoise Mobihan
Editions Au diable Vauvert

27 août 2015
12,50€