J’avais comme d’habitude, ne voulant décevoir personne, pris trois engagements pour la même soirée…

C’est donc en coup de vent et avant le début du vernissage de l’expo de Matt Blackwell que je me suis rendue à la H Gallery et j’ai finalement bien fait.

D’une part j’ai eu le loisir de m’entretenir avec Hélianthe Bourdeaux-Maurin qui dirige cette galerie (il est d’ailleurs fort probable que je vous publie très bientôt un article dans la rubrique Rencontre avec car elle est sympa, passionnante et son parcours hyper intéressant).

Et en second lieu j’étais ravie d’être la première arrivée pour pouvoir admirer de façon privilégiée – de près comme de loin – les oeuvres de MATT BLACKWELL dont c’est la première exposition en France et les photographier sans être obligée de gêner tout le monde par mes prises de vues.

UNE CERTAINE VISION DE L’AMERIQUE présente des sculptures et des peintures que Matt Blackwell a réalisées au cours des dix dernières années…

La vie de Matt Blackwell est typique de la véritable Amérique comme on peut la rêver depuis la France: il a vécu sur une île au large de la côte du Maine, dans une petite ferme de la Caroline du Nord pendant quatre ans puis à Cleveland, dans l’Ohio, au coeur de la “Ceinture de la Rouille” américaine. On appelait ainsi dans les années 70, le nord-est des Etats-Unis, centre industriel et industrieux de l’Amérique glorieuse.

Depuis les 25 dernières années, il vit à Williamsburg South avec une vue privilégiée sur les squelettes poétiques de l’ancien chantier naval de la ville de New York.

La Bourse de la John Simon Guggenheim Foundation lui permet de voyager à Santa-Fe, au Nouveau-Mexique et dans le New-Brunswick.

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Les conversations que Matt a entretenu avec les habitants tous ces lieux, avec leurs populations, leurs points de vue, leurs habitudes et leurs cultures ont forgé sa vision de l’Amérique.

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Ils sont la source des sculptures et des peintures présentées à H Gallery.

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Ces œuvres ont été commencées sur le vif, sur le motif, puis terminées dans son atelier de Brooklyn. L’artiste met parfois des années à terminer ses œuvres…

Pour expliquer son processus de pensée et de travail, Matt Blackwell utilise la métaphore du “portage”. Cette pratique qui consiste à transporter des embarcations ou des cargaisons à pied, par voie de terre, afin de contourner un obstacle ou une rivière ou de relier deux points d’eau utilisée par les Amérindiens et par les premiers explorateurs français de la Nouvelle-France et de la Louisiane.

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Chaque œuvre raconte une histoire

… qui pourrait être issue d’un autre temps, comme les enregistrements originaux des chanteurs de blues des années 20 que Blackwell écoute régulièrement.

Ses peintures sont aussi inspirées par les toiles narratives de James Ensor, de Max Beckmann et de Philip Guston.

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De ses quinze années dans le Maine, Matt Blackwell a gardé un amour de la nature, de la lumière et de la couleur.

Par son éducation classique, il se sent également proche des peintres français comme Edouard Manet, Paul Cézanne et Henri Matisse.

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La force de ses couleurs et l’expressionnisme, le dynamisme de sa touche le rapprochent aussi des peintres figuratifs des années 60 de la Côte Ouest tels que Joan Brown, Richard Diebenkorn et David Park.

Il est pourtant totalement unique dans le paysage américain et désormais, dans le paysage artistique français !

S’inspirant de croquis, de photos, de musiques, de lectures ainsi que d’observations effectuées lors de ses multiples séjours, l’artiste crée des images qui ont toutes une histoire très particulière. Blackwell estime que cette approche singulière a quelque chose en commun avec des auteurs-compositeurs tels que Bob Dylan, Steve Earl, Townes van Zandt et Lucinda Williams, dont les chansons tentaient de jeter la lumière sur l’oubli, le tragique, l’humour noir et la nostalgie d’une Amérique vaste et prospère.

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Dans ses œuvres les plus récentes, l’artiste met particulièrement l’accent sur l’appartenance à un pays, sur l’identité, sur la situation des réfugiés et des immigrés, en présentant des paraboles avec des animaux qui jouent des scénarios imaginaires.

Les petites villes américaines dépérissent peu à peu et les opportunités de tout recommencer, propres au Rêve américain, sont mises à mal.

A quel lieu, à quelle patrie appartenons-nous? Comment allons-nous survivre? Quelle vie, quel avenir nous construisons-nous? Ce sont des questions qui transcendent les frontières, les territoires et les nationalités.

Malgré leurs difficultés, leur comportement distant et inquiétant, les personnages de Matt Blackwell semblent s’épanouir. En dépit de leurs ressources limitées et de leurs attentes réduites, ils vivent l’instant présent et se comportent avec courage, bonne humeur et une douce folie communicative.

Dépêchez-vous d’y aller, l’expo se termine le 19 Novembre et je vous assure qu’elle en vaut la peine !

Infos pratiques 

H Gallery présente

MATT BLACKWELL une certaine idée de l’Amérique

Exposition du 22 octobre au 19 novembre 2016 

du mardi au samedi de 10h à 13h et de 14h à 19h.

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  1. Il faudrait que j’aille voir plus d’expositions en galerie :). Celle-ci aussi est pas mal du tout également.
    Bisous à toi et à plus sur nos blogs respectifs!