Paul Goulhot signe là une adaptation tout simplement géniale de la pièce créée en décembre 1946 par Jean Cocteau!

En note d’intention, Paul Goulhot nous révèle :

« (…) j’ai choisi de changer le contexte de la pièce en la transposant dans un lieu aux inspirations fondamentalement différentes : l’Asie(…)« 

Ce choix crée d’emblée un effet de surprise qui, je l’avoue, m’a interpellée… (ayant depuis bien longtemps pris le parti de ne lire les dossiers de presse qu’APRÈS avoir vu les pièces afin de les découvrir sans explications préalables et, de ce fait, sans idées préconçues )

L’Aigle à deux têtes de Paul Goulhot se passe donc … quelque part en Asie.

Dans un chateau où une jeune reine, solitaire et – osons le dire – exécrable, vit dans le souvenir de son époux, assassiné le jour de leurs noces.

Nul, à l’exception de sa dame de compagnie, n’a le droit de voir son visage qu’elle dissimule derrière un éventail. Mais ne voilà-t-il pas qu’un soir d’orage, un jeune homme blessé fait irruption dans sa chambre.

La reine est d’autant plus intriguée que Stanislas est le sosie de son défunt époux, le roi. Et elle n’est pas au bout de ses surprises, croyez-moi car l’identité de ce jeune homme réserve bien des surprises…

Intrigues de palais et intrigues amoureuses s’entremêleront, multipliant les situations compliquées… Et nous tiendront en haleine jusqu’à la dernière minute avant le tomber de rideau.

Pourquoi j’ai adoré cette pièce ?

Pour l’interprétation magistrale des comédiens et en particulier de la comédienne Huifang Liu.

La jeune femme porte la pièce avec un charisme et une présence sur scène … dignes d’une reine! Et elle sait être tout aussi merveilleuse en souveraine colérique qu’en amoureuse éperdue perdant tous ses moyens.

Et en dépit du jeu – sans conteste excellent – des autres comédiens…

… c’est Huifang Liu qui éblouit par son fabuleux jeu de scène.

Pour l’élégance et la délicatesse des décors

Cérémonie du thé, katanas, illustrations et des vidéos (créations de Jonathan Philomène) inspirées de peintures à l’encre de Chine projetées en arrière-plan…tout concoure à immerger le public dans un univers asiatique extrêmement solennel.

Et les costumes (conçus par Émilie Engrand), marqués eux-aussi par ce souci du détail, sont tous reliés par le même symbole, celui de l’aigle.

C’est Coralie Royer qui signe la composition musicale. On y retrouve des sonorités asiatiques dont des bandes originales de films de Zhang Yimou (notamment « Vivre ») et de Miyazaki auxquelles elle a rajouté une touche personnelle dans les chœurs.

Pour la façon dont Paul Goulhot a su nous rappeler la puissance de l’amour face à … tout le reste!

« Cette histoire d’amour tragique signée Jean Cocteau et datée de 1946 est frappante de modernité : deux personnes que tout oppose peuvent s’aimer malgré les différences et les convenances. À mon sens, dans un monde en proie à la division des idées et des cultures, face à la montée des extrêmes, un tel sentiment universel mérite d’être rappelé.(…) Paul Goulhot

Mon avis : Paul Goulhot nous offre – pour sa première mise en scène au théâtre – une excellente adaptation de cette pièce de Cocteau ! Je ne saurais que trop vous inviter à aller la découvrir au Studio Hébertot.

INFOS PRATIQUES

L’AIGLE À DEUX TÊTES

 Mise en scène : Paul Goulhot

 Avec : Huifang Liu, Jérémy Brige, Olivier Ho Hio Hen, Maïko-Eva Verna, Bounsy Luang Phinith

 Durée : 1h30

Studio Hébertot – 78 Bd des Batignolles – 75017 Paris

Le dimanche à 19h et le lundi à 21h

Du lun. 13 mars 2023 – 21:00
au lun. 27 mars 2023 – 21:00

Réservations en ligne , par téléphone au 01 42 93 13 04 ou au guichet tous les jours à partir de 14h.