Les comédiens de la Compagnie La Boîte aux Lettres ré-inventent la pièce d’Harold Pinter dans une mise en scène inédite.

L’auteur

Né en 1930 à Londres, Harold Pinter fut comédien, dramaturge et metteur en scène. Bien qu’ayant écrit aussi bien pour la télévision que pour le cinéma, ce sont incontestablement ses œuvres théâtrales (28 pièces) qui fondèrent sa notoriété. Le Monte-Plats écrit en 1957 fut l’une de ses premières pièces.

Harold Pinter reçut le prix Nobel de littérature en 2005.

La pièce

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Le décor, est d’une sobriété extrême. Une sorte de sous-sol que l’on peut sans hésiter qualifier de glauque.

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Benjamin Kühn et Simon Larvaron – Photo © Mayliss Ghorra

Dans ce sous-sol, Ben et Gus attendent.

Des premières répliques d’une banalité qui pourrait induire le spectateur en erreur quant à la profondeur des échanges…  mais il convient alors de se remémorer cette phrase de Pinter : « Ce que nous entendons est une indication de ce que nous n’entendons pas.»  

Ben et Gus sont deux tueurs à gages et ils attendent les instructions… Sans se poser de questions. Comme d’habitude.

Mais cette fois, ces instructions tardent à venir. Et des phénomènes étranges leur mettent les nerfs à rude épreuve. Comme cette enveloppe glissée sous la porte.

Ou ce fameux Monte-Plats qui se déclenche tout seul…

Fébrile, Gus s’impatiente…

Comme dans Trahisons, tout est suggéré. Et très rapidement on se rend compte qu’entre les deux personnages, dans une relation qui est basée sur l’assujettissement, le conflit est latent.

On parle souvent, lorsque l’on évoque les pièces d’Harold Pinter, de «théâtre de la menace». Le Monte Plats s’inscrit tout à fait dans ce registre.

Au fur et à mesure que cette attente se prolonge, des choses se précisent… Mais on ignore toujours lequel des deux sera anéanti par l’autre…

La mise en scène: un choix audacieux d’Etienne LAUNAY!

Etienne Launay fait partie de la troupe de La Boîte aux Lettres. Cette troupe qui nous a tellement fait rire en réinventant Marivaux grâce à la mise en scène de Salomé Villiers au Théâtre Michel.

Et d’ailleurs ce sont eux aussi qui interprètent l’Affaire Courteline, encore à l’affiche jusqu’au samedi 6 mai au Lucernaire!

Dans le Monte Plats, Etienne Launay a pris le parti d’une mise en scène pour le moins surprenante:

Deux Ben donnent la réplique à deux Gus!

Eh oui! La pièce a été écrite pour deux comédiens … et il y en a quatre!

Deux comédiens (enfin deux paires de comédiens) qui jouent le même personnage en alternance mais SUR LA MÊME SCÈNE, il fallait y penser! Une mise en scène géniale! (Chapeau Etienne!)

(Pour ceux qui n’auraient pas compris : un « Ben » sort à droite de la scène et l’autre « Ben » rentre à gauche sans le moindre iatus au niveau du dialogue… Vous suivez?)

Les comédiens, parlons-en !

Ils se sont rencontrés au Conservatoire (du 11ème pour la plupart sauf un qui vient du conservatoire du 9ème). Certains sont passés par le Cours Simon d’autres pas et le projet de monter cette pièce ensemble les titillait depuis quelques temps. Pari gagné!

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Benjamin Kühn, Simon Larvaron, Bob Levasseur, Mathias Minne – Photo © Pierre Louis Laugerias

Dans le Monte-Plats, Benjamin Kühn, Simon Larvaron, Bob Levasseur et Mathias Minne arrivent à dérouter le spectateur … et à le rattraper en cinq sept !

Parce qu’il faut vous dire que dans tout ça, nous, les spectateurs nous retrouvons immergés nous aussi dans cette attente (car en fait on essaye d’anticiper ce qui va – ou pourrait – se passer).

Sauf qu’en même temps, nous sommes constamment désarçonnés par ces changements de comédiens…  

Vous imaginez le talent et la capacité de coordination nécessaires à une telle prouesse?(Celle des comédiens pas la nôtre!)

Quand je vous disais qu’ils sont bons!

Après la représentation nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec ces « deux Ben » et ces « deux Gus » (Bob Levasseur vs Mathias Minne  et Simon Larvaron vs Benjamin Kühn). Ils nous ont raconté leur parcours, quelques petites anecdotes sur la mise en scène, leurs projets à court et à moyen terme…

Non seulement ils ont du talent mais ils sont super sympas!

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Simon Larvaron, Bob Levasseur, Benjamin Kühn & Mathias Minne – Photo ©Zenitude Profonde Le Mag

Je pourrais vous raconter notre conversation mais ce sera certainement l’objet d’un prochain article.

En attendant je vous invite vivement à aller les applaudir au Lucernaire où ils jouent jusqu’au 20 mai.

Infos Pratiques
LE MONTE PLATS D’HAROLD PINTER
Mise en scène d’Etienne LAUNAY
du 28/03/18 au 20/05/18
du mardi au samedi à 18h30 – dimanche à 15h
Théâtre du LUCERNAIRE
53, rue Notre-Dame-des- Champs – 75006 Paris
Réservations ICI ou par tél au 01 45 44 57 34
Crédits photos: Mayliss Ghorra, Pierre Louis Laugerias et Zenitude Profonde le Mag
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[…] QUE : J’aime bien l’univers des pièces d’Harold PINTER, En fait ses personnages me font parfois penser aux tableaux d’Edward Hopper, d’autres […]

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[…] s’agit d’une pièce écrite par Harold Pinter en […]

Sophie
5 années il y a

Je n’ai pu y assister mais j’ai eu une remontée d’informations ! 🙂