Le pitch: Corinne est désemparée. Elle a peur, très peur. Peur de Michel, son mari, qui ne va pas tarder à rentrer. Elle avait pourtant tout bien fait exactement comme il le lui avait dit mais voilà, un grain de sable dans les rouages et … elle a perdu pied. Et elle sait parfaitement comment il va réagir. Depuis 24 ans qu’ils sont mariés! D’ailleurs le voilà qui arrive…

Michel est d’humeur joyeuse. Son dernier « jouet » une maquette dont il avait envie depuis longtemps monopolise toute son attention. Ça tombe bien… Enfin pas tant que ça… car plus Michel est enthousiaste, plus Corinne s’enfonce dans une immense détresse… D’ailleurs elle le sait, cet enthousiasme ne va pas tarder à faire place aux paroles blessantes, méprisantes, Michel est carrément odieux! Et ce ne sont pas ces verres de whisky qui vont arranger les choses…

Ce soir c’est fini, Corinne ne veut plus se laisser dominer et elle va prendre une décision!

Emma Dubois et Eric Moscardo : un jeu magistral!

Emma Dubois est une Corinne soumise, triste, pétrie de détresse, et rongée par une sorte de honte aussi car elle n’a pas su être une mère protectrice… et ses deux filles sont parties.

Sans grande profusion de mots, car hormis le monologue du début de la pièce, Corinne ne parlera pas beaucoup. Mais plus qu’elle ne saurait le dire avec des mots, son visage et tout son être sont le reflet d’une tristesse infinie.

Et de toutes façons, Michel le lui répète assez qu’elle est une idiote qui n’a rien à dire… Alors Corinne se tait. Elle ose juste parfois un petit mot ou une petite phrase, « je ne suis pas une merde » … « tu sais, c’est son bureau » … lâchés comme on lance une bouteille à la mer… comme pour se prouver qu’elle existe encore. Mais même ces quelques mots déchaînent les foudres de son mari…

Quant à Michel. Le mari parfait … C’est en tous cas ce qu’il prétend être! Il assume financièrement, prend les décisions importantes et n’hésite pas à faire des cadeaux somptueux à son épouse… Ce qu’il ne se prive pas de lui balancer profitant par la même occasion pour lui dire qu’elle serait bien incapable de vivre – de façon décente – sans lui. Michel est un caractériel, traumatisé dans son enfance il s’est forgé une carapace pour masquer ses faiblesses. Eric Moscardo est parfait dans ce rôle de pervers narcissique, odieux à souhait!

Et le texte de Djamel Saïbi …

On a tous croisé au moins une fois dans notre vie une femme qui souffre comme Corinne. Est-ce qu’on lui a tendu la main ou a-t-on juste fait comme si on ne s’était rendu compte de rien ?

Après la représentation, Djamel Saïbi nous a confié qu’il a décidé d’écrire cette pièce après avoir fait une telle rencontre. Une femme qui était en train d’essayer de se reconstruire après avoir pris la décision difficile de se séparer d’un pervers du même acabit que Michel.

Cette pièce fait mal, tout comme ces ecchymoses invisibles. À cause de la situation dramatique qui y est évoquée bien sûr, mais aussi parce que nous savons tous que des « Corinne », il y en a beaucoup plus que nous ne voudrions l’admettre.

Djamel Saïbi nous aide juste à y réfléchir … et c’est déjà énorme!

Il ne reste que deux représentations : ce soir à 19h et jeudi prochain (le 19 décembre), je serais vous, j’irais ce soir.