Les pièces que propose le Lucernaire sont généralement d’une grande originalité surtout en matière de mise en scène. 

Les Flottants, qui se joue depuis le 17 mai, ne déroge pas à cette règle.

L’histoire:

Dans une ville portuaire un Marin et une Rousse s’aiment. La Noce est prête, robe enfilée, banquet dressé… Mais c’était sans compter sur le chant des langoureuses sirènes. Le marié quitte la fête pour rejoindre l’une d’elles…

Lorsque, par un petit escalier en colimaçon, on accède au « Paradis » – cette petite salle du Lucernaire, située tout en haut – on s’installe sur la pointe des pieds pour ne pas déranger le couple qui, sur scène, exécute un slow langoureux sous la lumière d’une boule à facettes.

Un troisième personnage est affalé sur une table dans un coin de la scène…

Une atmosphère de fin … mais fin de quoi au juste, « fin de soirée ? », « fin de relation amoureuse? « , « fin de vie de l’arbre des amoureux » ???

Quoi qu’il en soit les visages sont empreints de morosité, et les dialogues aigre-doux contrastent avec ce que l’on pourrait qualifier de « signes extérieurs de bonheur »: boule à facettes, ballons, pièces montées et surtout … robe de mariée.

Et la pièce commence … et on se rend vite compte que les évènements ne se succèdent pas mais sont enchevêtrés, la mariée attend le marin, qui est là mais en voix off et il nous explique pourquoi la sirène l’a séduit…

… sirène qui arrive d’ailleurs … et tout continue dans un vaste imbroglio de sentiments ponctués par un très beau texte…

Je ne sais toujours pas ce qui m’a le plus frappée dans cette pièce, texte, costumes, décors, mise en scène, jeu des comédiens …

Car dans cette pièce, tout est parfaitement décalé, les répliques sont improbables et tout interpelle … et paradoxalement, amuse.

Pourtant si on analyse la situation, rien de bien réjouissant au fond, une ex-future mariée abandonnée, qui ne sait plus où elle en est, un jardinier paumé, un marin fier de ses muscles qui revendique inlassablement son statut de marin, une sirène sexy mais quand même un peu paumée aussi qui passe de la joie d’avoir été la préférée du marin à certains moments de doute profond.

On a l’impression en voyant cette pièce qu’on ne comprend pas tout, qu’on est balloté, qu’on flotte aussi, tout comme eux…

« Les flottants, ce sont ceux qui se débattent pour rester à la surface, qui nagent entre deux eaux, qui bougent les pieds et les mains pour essayer de ne pas se noyer. Ce sont ceux qui essayent de trouver un sens à l’amour dans une société qui ne veut plus dire grand-chose, où les choses les plus simples paraissent bien compliquées. En utilisant les codes du conte de fée qui servent d’ordinaire à nourrir un enthousiasme amoureux, et en les confrontant à une réalité parfois brusque, je veux en tester les limites, observer comment mes personnages se heurtent aux déceptions qui rendront peu à peu impossible cette quête, qui est pourtant au départ, une aspiration commune. Les Flottants sont notre génération, celle qui arrive après ceux qui se sont battus, celle qui arrive au moment de la désillusion. C’est mon interrogation sur ce qui nous attend, sur notre capacité à rester debout alors que tout part à la dérive. »  

Sonia Nemirovsky

Avec Les Flottants, Sonia Nemirovsky nous entraîne dans un drôle de tourbillon dont nul ne sait où et quand il s’arrêtera, et le plus étrange c’est qu’on aime vachement !

Vous avez encore le temps d’y aller, les Flottants sont au théâtre du Lucernaire jusqu’au 1er juillet!

Infos pratiques:

LES FLOTTANTS

Texte de Sonia Nemirovsky

Mise en scène : Bertrand Degrémont assisté par Claire Lellouche

Durée 1h15

Théâtre Le LUCERNAIRE – 53 rue Notre-Dame-des-Champs – 75006  Paris

Du 17 Mai au 1er Juillet 2017  – Du mardi au samedi à 21H

Réservations ICI