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Nous sommes au 8ème siècle avant Jésus-Christ, quelques siècles après la dynastie des Ramsès…

Situé au-delà des terres contrôlées par les pharaons, Kouch est en lien direct avec l’Égypte avec laquelle il a des contacts guerriers mais aussi commerciaux.

Le souverain du royaume de Nubie, entreprend de conquérir l’Égypte pour réunifier le « Royaume des deux terres ».

Installé à Napata, sa capitale, située près de la « Montagne Pure » du Djebel Barkal, le souverain Piânkhy sera à l’origine de la XXVe dynastie – celle des pharaons koushites – et ses successeurs uniront toute la vallée du Nil sous leur seul commandement.

Statue de belier Amenophis III transporté de Soleb au Djebel Barkal sous Piânkhy – 18e dynastie, règne d’Aménophis III
Granit de Tombos
Hauteur : 130 cm ; Longueur : 206 cm Musée égyptien de Berlin, ÄM 7262 Découvert au Djebel Barkal (Soudan)

Cette sculpture monumentale représente un bélier allongé, pattes avant recourbées sous lui. Placée entre elles, une statuette représente un roi en costume d’Osiris coiffé du némès, portant la barbe postiche et tenant dans ses mains les insignes du pouvoir.

La longue inscription qui figure autour du socle identifie le roi comme étant Aménophis III. La statue fait partie d’un groupe de sculptures ayant orné le temple de Soleb, au sud de la deuxième cataracte (une cataracte est une zone de rapides dans le cours du Nil).. Ce monument a été édifié par Aménophis III pour commémorer son premier jubilé célébré après trente ans de règne.

Encore partiellement conservé aujourd’hui, le temple est le plus important sanctuaire égyptien construit au Soudan.
L’histoire de la statue est significative. Après l’abandon du Soudan par les Égyptiens, à la fin du Nouvel Empire, le bélier est transféré par les rois de Napata dans l’immense temple d’Amon du Djebel Barkal, principal sanctuaire de la capitale. Le bélier, symbole d’Amon, prend donc naturellement place dans un sanctuaire qui lui est consacré bien loin des terres égyptiennes. Il symbolise à lui seul les liens culturels existant entre les pharaons du Nouvel Empire et leurs dieux d’un côté, le nouveau pouvoir qui s’en proclame héritier d’un autre côté.

Ils règneront pendant plus de cinquante ans. Cette période voit donc l’Égypte dominée par un royaume soudanais contre lequel elle avait combattu pendant près de deux millénaires.

Cette exposition est la première organisée en France sur la période napatéenne.

Autour de la figure de Taharqa, le plus célèbre monarque de la dynastie, elle invite à la rencontre de ces pharaons bâtisseurs.

PHARAON DES DEUX TERRES aborde la naissance et le développement du royaume kouchite et ses liens avec l’Égypte. Elle évoque la présence égyptienne en terre soudanaise sous le Nouvel Empire et la richesse culturelle associée à cette présence centenaire. Elle met en évidence la forte influence de la civilisation égyptienne sur le monde soudanais, mais montre aussi la persistance de traditions purement kouchites.

Les combats qui ont opposé le roi Piânkhy (-746 / -715) et les principautés rebelles du Delta nous sont connus par la stèle dressée par ce pharaon et aujourd’hui conservée au musée du Caire.

Ce monument constitue l’un des plus grands textes militaires de l’histoire égyptienne.

Cette stèle évoque les activités de constructions très importantes qui sont menées, en particulier dans la région thébaine, fief d’Amon-Rê, divinité principale des souverains de la 25e dynastie. Elle montre aussi combien la période a été d’une extrême richesse dans le domaine de la création artistique, tant en Égypte qu’au Soudan. Le successeur de Piânkhy créera la 25e dynastie (-746 / -664) qui règnera sur le Soudan et l’Égypte (Les « Deux Terres » en question)

À l’époque romaine, le royaume de Méroé qui succède à celui de Napata contrôlera encore le commerce de nombreux produits africains partant plus au nord, en direction d’Alexandrie et, de là, vers tout le pourtour de la Méditerranée.

Chronologie

Vers -720 : Se jugeant prédestiné, Piânkhy lance ses armées depuis son fief de Napata à la conquête du nord de la vallée. Les capitales des différents royaumes qui se partageaient l’Égypte divisée d’alors sont prises : Thèbes, Hermopolis, Héracléopolis et Memphis. L’un après l’autre, leurs pharaons, leurs roitelets et leurs chefs locaux sont soumis. La Stèle Triomphale raconte avec force détails cette expédition militaire, ce raid qui avait pour ambition – et eut pour résultat – l’unification pendant quelques dizaines d’années des deux royaumes de Kouch et d’Égypte.

-712 : La 25e dynastie débute avec la défaite de l’unique roi de la 24e dynastie saïte, Bocchoris, vaincu et mis à mort lors de la prise de contrôle de Memphis par Chabataka en -712. Si ce dernier ne règne que peu de temps, son statut de fondateur apparaît pourtant à travers plusieurs monuments.

– 690 marque le début du dernier règne de la 25e dynastie proprement dite, celui de Taharqa, qui dura vingt-six à vingt-sept ans. Il est le plus célèbre des rois napatéens, celui qui est cité dans la Bible.

Son règne est marqué par une succession épique de victoires et de revers cuisants contre les Assyriens.

Vers -684 : Crue du Nil prodigieuse et exceptionnelle survenue en l’an 6 du règne de Taharqa. En dépit des destructions qu’elle occasionna, l’événement est resté dans les mémoires comme favorable et a été reconnu comme un prodige, une faveur de la providence divine, celle du dieu Amon en faveur d’un roi pieux et méritant.

memphis -  pharaon des deux terres- louvre-zenitudeprofondelemag.com

-671, -666 et -663 : La fragilité de la 25e dynastie s’explique en grande partie par l’expansionnisme de l’Empire assyrien.

Il fallut dix ans, les règnes d’Assarhaddon et après lui de son fils Assourbanipal, des armées parcourant des distances considérables, trois sièges et trois assauts (-671, -666 et -663) pour que l’Égypte de Taharqa, puis de son successeur Tanouétamani, cède avec la ville qui stratégiquement la commandait, Memphis.

-663 : Peu d’événements eurent alors un retentissement comparable à celui du sac de Thèbes qu’Assourbanipal ordonna en -663.

Il contraint le pharaon Tanouétamani de s’enfuir jusqu’à Napata. Après la perte de toute une partie de son territoire, la royauté conserve pour autant son fief au Soudan et donne naissance au royaume napatéen dont le patrimoine se transmet vers -300 à l’empire de Méroé.

-593 : Campagne militaire du pharaon Psammétique II contre Napata en l’an 3 de son règne. Pour cette expédition punitive, il recrute des mercenaires ioniens et cariens. Si aucun document n’atteste que Psammétique II se rendit en personne jusqu’à Napata, son armée, appuyée par le contingent étranger, atteignit le cœur du territoire napatéen et mit à sac la ville. Les statues furent brisées et leurs morceaux soigneusement récoltés pour être enfouis, probablement par le roi même qui eut à subir l’attaque, Aspelta cinquième successeur de Taharqa. Cet événement marque l’éloignement définitif des rois napatéens et la renaissance du pouvoir pharaonique avec la 26e dynastie.

Chronologie des rois de Napata établie par Vincent Rondot, directeur du Département des Antiquités Égyptiennes, et Faïza Drici, chargée de missions au Département des Antiquités Égyptiennes.

L’exposition rassemble également de nombreux objets conservés dans les musées de Londres, Berlin, New-York ou Khartoum, en plus des œuvres du Louvre.

Étui de Chépénoupet
page22image10032Provient du temple d’Osiris Padiankh à Thèbes,
25e dynastie Bronze incrusté d’or, d’argent et d’électrum, ivoire
Hauteur : 14,2cm ; Largeur : 7,6 cm
Musée du Louvre, E 10814

Les statues de Douki Gel

La dernière salle de l’exposition présente une découverte archéologique essentielle réalisée en 2003. À Doukki Gel, la Ville d’Amon du jujubier. Voisine de Kerma, capitale du royaume de Kouch pendant de longs siècles, Doukki Gel présente les caractéristiques d’une cité où prédominent, dans un premier temps, des structures architecturales mêlant influences soudanaises et africaines puis, dans un second temps, des traces d’une égyptianisation de plus en plus présente.

À l’époque de la 25e dynastie, des sanctuaires « à l’égyptienne » sont aménagés mais, en parallèle, des structures typiquement soudanaises sont conservées et entretenues.

La cité est ravagée en l’an 3 de Psammétique II (-593) lors de la campagne menée par ce pharaon égyptien au Soudan.

En 2003, une mission archéologique rassemblant des archéologues suisses, français et soudanais découvre à Doukki Gel quarante fragments correspondant à sept statues royales.

Ces statues avaient été fracassées durant la campagne de Psammétique II et leurs restes soigneusement enterrés dans une cachette située entre les deux principaux temples de la ville après le départ des Égyptiens. On avait minutieusement enterré avec elles de nombreux fragments de feuilles d’or qui les ornaient à l’origine.

La plus grande des statues représente Taharqa, les autres figurent d’autres souverains, Anlamani, Tanouétamani, Senkamanisken et Aspelta.

Cinq des statues représentent les souverains à la mode napatéenne avec la calotte de tissus et le double uraeus, deux figurent le roi avec le pschent, la double couronne des pharaons égyptiens. Certaines parties étaient, à l’origine, couvertes de feuilles d’or (coiffures, pagnes, ornements).
Les restes des sculptures détruites par les Égyptiens ont donc été soigneusement ressemblés, sans doute à la demande d’Aspelta, et enfouies dans une « cachette » aménagée à cet effet.
L’exposition ne présente pas les originaux, conservés au musée de Kerma, mais des reconstitutions réalisées à l’aide de la 3D en sable de quartz, plâtre, résine et chaux. Les sept statues reproduisent les originaux peints et dorés, tels qu’ils étaient avant leur destruction et leur enfouissement.

Vous pouvez découvrir une foule d’activités en lien avec cette belle expo sur le site du Musée du Louvre. Parmi ces activités, celles qui peuvent se pratiquer en famille – notamment les films d’animation de Michel Ocelot – sont à retrouver ICI

INFOS PRATIQUES

PHARAON DES DEUX TERRES

L’épopée africaine des rois de Napata

Du 28 avril au 25 juillet 2022

Le musée du Louvre est ouvert tous les jours, sauf le mardi.
La dernière admission se fait 1 h avant la fermeture. L’évacuation des salles commence 30 min avant la fermeture.

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