« BENARES, CE SERA POUR FINIR… »

C’est au vingt-deuxième étage d’une tour avec vue sur le Pont Mirabeau et les quelques péniches jalonnant la Seine à midi, que Joseph Agostini nous a accordé cette interview…

L’auteur, originaire de Bastia, vient de signer son neuvième ouvrage et de boucler son dixième, prévu l’année prochaine.

Véritable bourreau de travail, il est capable de passer douze heures par jour devant son ordinateur, à l’affut d’une idée de roman ou d’essai.

Sa dernière idée en date, écrire autour de la journaliste de télévision Daniela Lumbroso, ne fut pas une lubie née de la dernière pluie.

Joseph Agostini s’intéresse en effet passionnément à cette femme depuis l’âge de douze ans, époque où il lui envoyait déjà des lettres d’amour.


Z.P : Pourquoi Daniela ?

L’auteur pose sa tasse de café sur la petite table de sa terrasse donnant sur tout
Paris.

Pourquoi Daniela ?

Parce qu’elle m’a toujours un peu parue extraterrestre dans ce paysage audiovisuel si convenu où chacun fait ce qu’on lui dit de faire.

Elle est allée d’un style à l’autre, s’est promenée à l’ombre des plus grands auteurs et des plus illustres chanteurs,a été capable de présenter des jeux et des journaux, avec cet art de ne jamais se prendre au sérieux. Il y a une ressemblance entre nous et je le revendique. »

En effet, Joseph Agostini et Daniela Lumbroso font partie de la même « famille »
d’âmes.

Alors que Daniela a fait preuve d’un éclectisme hors-du-commun tout au long de sa carrière télévisuelle, Joseph réussit le tour de force d’être psychologue clinicien, intervenant dans de nombreux médias à ce titre (RTL, Sud Radio, LCI, Arte, France 2, France 3 ont déjà à de multiples reprises fait appel à ses services), créateur d’un podcast, Fais voir la bête, qui caracole en tête des podcasts de Spotify, à la fois auteur de romans et de manuels de psychologie

Il a mis Dalida (ndlr: dans un roman puis une pièce qui sera adaptée à Avignon cet été) et Guy Georges sur son divan, dédié un roman sur la Corse à son père, Dominique Agostini, mort il y a trois ans, proposé un ouvrage sur l’amour libre avec Méta Tshiteya, réalisatrice de France Culture, noire, polyamoureuse et bisexuelle…

Joseph Agostini dans les médias...
Joseph Agostini dans les médias…

Bref, Joseph Agostini n’a rien à envier à Daniela Lumbroso en matière d’éclectisme.


Mais comment fait-il pour ne pas s’y perdre, dans toute cette profusion ?

« Comme je le disais à Léa Veinstein, agrégée de philo et productrice de documentaires, c’est l’imminence de la mort qui me fait courir ! Je me demande comment font les gens qui baillent et qui n’entreprennent rien ou pas grand-chose dans leur vie. On va crever la bouche ouverte, tous autant que nous sommes ! Et dans pas longtemps ! C’est vraiment une raison de se bouger, de découvrir le plus d’univers possible. Et encore, parfois, j’ai l’impression que je n’ai encore rien fait de ma vie…

[…] Quand je vois l’œuvre de Proust, de Balzac, de Freud, j’éprouve une grande frustration. Je suis un branleur. […]

Joseph Agostini a donc l’envie de créer avant de mourir. « La mort aux trousses »,
pourrait dire Hitchcock à son sujet, mais aussi au sujet de chacun d’entre nous !
« Certains oublient qu’ils vont disparaître, ou s’y résignent… Depuis mon arrivée à Paris, à dix-huit ans, au Bureau Voyage Jeunesse de la rue des Bernardins, cette énergie ne m’a jamais quitté. »


Et les coups du sort qui nous font désespérer, en a-t-il connus ?

« La vie n’a pas été tendre avec moi. Je dirais même que j’ai énormément souffert car je ne me protégeais pas des autres quand j’étais plus jeune. La mort, je l’ai vu de près. Et puis j’ai fait une psychanalyse. Aujourd’hui, ma fille de douze ans m’apprend beaucoup. Je ne lui enseigne pas grand-chose car à son âge, je savais beaucoup moins faire avec la vie qu’elle. La création est une béquille. Nous sommes tous des éclopés, tous autant que nous sommes, les artistes…

 J’aurais pu vriller junky schizophrène alcoolique, j’ai choisi psychanalyste… 


Z.P : Comment Joseph Agostini imagine-t-il sa vie dans vingt ans ?

« J’ai quarante-trois ans. Je me donne quelques années pour vivre à 200 à l’heure, pour goûter à cette diversité que la vie m’offre en termes de rencontres, d’opportunités. Comment ne pas y succomber ? Je me suis tant battu pour que cela se présente à moi. Quand je vois certains jeunes attendre que cela leur tombe tout cuit dans la bouche, cela me fait un peu pitié. Ils n’auront rien ou pas grand-chose s’ils restent aussi passifs et soumis au système. Ensuite, je suis sûr que je me retirerai. Dans un monastère, dans un temple bouddhiste… Ou alors à Bénarès, au bord du Gange, où j’ai commencé mon premier roman.

En tous les cas, je ne vais pas rester toute ma vie dans ce monde de fous, dans cette vie parisienne que j’adore et j’exècre à la fois. Bénarès, ce sera pour finir ».

Cette rencontre passionnante – et trop fugace – m’a fait l’effet d’une fenêtre entr’ouverte sur l’univers de Joseph Agostini. On a forcément envie d’en savoir davantage…

En attendant Avignon, je vous invite à découvrir ses deux derniers romans :

Joseph Agostini-romans-zenitudeprofondelemag.com
« POUR UNIQUE SOLEIL » et « TUEURS EN SÉRIE SUR LE DIVAN«  de Joseph Agostini – Parution en mai 2021 aux Éditions ENVOLUME.

On en reparle très bientôt!