Grâce au Phénix Festival – initiative géniale de Sandra Vollant qui permet au public parisien de découvrir en avant-première des spectacles musicaux, pièces de théâtre ou autres représentations de spectacle vivant – nous avons pu découvrir d’excellentes pièces ces dernières semaines.

Aujourd’hui, ce sont trois nouvelles créations qui m’ont beaucoup plu que je vous présente.

Boule de suif

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De Maupassant
Adapté par Yannick Laubin
Mis en scène par Yannick Laubin
Avec Yannick Laubin
Assistants à la mise en scène : Les Moutons Noirs
Lumière : Alice Gill Kahn et Rémi Cabaret
Son, musique : Antoine Ciceron et Jo Zeugma
Dessins, film d’animation : Olivia Grenez
Psychologue conseil : Dorothée Gempp

J’avoue qu’avant de ma rendre au Lavoir Moderne Parisien, j’ai vite jeté un oeil sur le résumé de cette nouvelle de Maupassant (dont à mon avis peu se souviennent vraiment mis à part les professeurs de lettres).

Cette histoire fait un focus sur deux problèmes tellement actuels que l’on se demande comment Maupassant a pu, à l’époque, être aussi visionnaire.

Le Pitch :

1870, dans une diligence, des notables, figures de vertu et « Boule de suif », une prostituée, fuient l’armée prussienne.

Ils se retrouvent bloqués pour la nuit dans un hôtel avec un officier ennemi. Ce dernier exige, pour les laisser repartir, les faveurs de Boule de suif. Celle-ci d’abord refuse puis, finit par accepter pour sauver ses compagnons de voyage.

Lui en sauront-ils gré…?

Sur scène, Yannick Laubin imbrique – superbement – l’histoire de Boule de Suif et celle d’un harcèlement scolaire à l’issue dramatique.

Sa lecture de la nouvelle de Maupassant alterne avec un dialogue avec le public qui emmène à réfléchir avec lui sur les différences entre classes sociales, la caricature, le patriotisme , le phénomène de groupe (d’où le sous-titre : LA MEUTE), le Bouc Emissaire, les violences faites aux femmes, le harcèlement scolaire, moral et sexuel …

On a adoré ce spectacle !

BOULE DE SUIF sera du 7 au 30 juillet 2022 (avec relâche les lundis) sur la scène du Théâtre du Roi René à 17h25 – RÉSERVATIONS ICI

Je m’appelle Adele Bloom

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De Franck Harscouët
Mis en scène par Franck Harscouët
Avec Armelle Deutsch, Sophie-Anne Lecesne, Philippe d’Avilla et Laura Elko

Pendant près de deux heures nous avons été fasciné par le jeu d’Armelle Deutsch. Mais aussi par celui des autres comédiens!

Il faut dire que le texte de Franck Harscouët (à qui l’on doit aussi la mise en scène) est n monument ! (Il a d’ailleurs été édité aux Editions du Cygne).

L’histoire se passe vers la fin des années 40, juste après la guerre, à Providence (nom prédestiné s’il en est !), dans un asile Adèle Bloom, jeune femme écrivain un peu rebelle vient d’arriver. Elle s’est fait interner à l’instigation de sa mère. Elle y restera 8 ans. Et au fur et à mesure que le monde « normal » s’éloigne, Adèle regarde l’eau qui s’infiltre et la submerge…Le texte de Franck Harscouët est comme ça, plein de métaphores, d’images fortes, de va-et-vient entre réalité et fiction. Entre poèmes déclamées à deux voix par Adèle Bloom et …Adèle H. et sonates de Chopin jouées par la ravissante Laura Elko qui interprète le rôle de Rose Kennedy dont nous connaissons tous l’histoire tragique.

Adèle Bloom croisera aussi le chemin de Poppy, (« Pop comme une bulle de champagne« ). Une pensionnaire de l’asile qui essaie de positiver quoi qu’il arrive. Poppy lui tient lieu de guide puisque ce sera la première personne qu’elle rencontrera à son arrivée) et s’évertue à lui maintenir la tête hors de l’eau . C’est Sophie-Anne Lecesne qui incarne Popy. Elle incarne aussi la mère d’Adèle et l’infirmière en chef, une vraie garce qui vit corps et âme dans l’ombre de son « chef », le neurologue Walter Freeman (Philippe d’Avilla).

Le Dr Freeman quant à lui, persuadé d’être un brillant expert en la matière, pratique régulièrement des expérimentations invraisemblables dans le but de « soigner » ces malheureuses…

Quand on pense que cet homme, dans la « vraie vie » et en dépit de ses et bases scientifiques faibles et contestables, a réussi à pratiquer près de 3 500 lobotomies – dont celle de la pauvre Rose Kennedy – et que ces méthodes cruelles, à l’issue souvent irréversible étaient présentées par Freeman comme de grandes avancées scientifiques…

Armelle Deutsch est parfaite dans le rôle d’Adèle Bloom.

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Armelle Deutsch, Je m’appelle Adèle Bloom
Crédits photos Zeitude profonde Le Mag.com

Passant de la situation de jeune femme vulnérable (notamment lors des visites de sa mère) à la limite de la démence à cette femme arrogante et sûre d’elle qui ose affronter l’infirmière en chef ou même, cigarette au bec, le Dr Freeman qu’elle arrivera à déstabiliser..

Cette pièce est une pépite que j’inclurai très certainement dans ma sélection des incontournables du Off #2

JE M’APPELLE ADELE BLOOM, au Festival d’Avignon 2022 , du 7 au 30 juillet à 21h40 (Relâche les 11, 18 et 25) sur la scène de l’un des plus anciens théâtres du Festival, La Condition des Soies (qui accueillera également Le Montespan)

La toute dernière pièce dont je souhaite vous parler aujourd’hui est un peu plus « légère » … enfin, en apparence car c’est la tragédie de Racine, Britannicus, qui en est le point de départ.

Britannicus Tragic Circus de Pierre Lericq

britannique Trafic circus zenitudeprofondelemag.com
Distribution :
 Jules FABRE,  Pierre LERICQ, Gilles NICOLAS,  Tchavdar PENTCHEV, Marie REACHE,  Juliette DE RIBAUCOURT
Mise en scène : Pierre LERICQ
Lumières : François ALAPETITE
Scénographie : Yves KUPERBERG
Costumes : Chantal HOCDÉ DEL PAPPAS
Assistante à la mise en scène :
 Bérangère MAGNANI
Compagnie : LES EPIS NOIRS
Musique : Pierre LERICQ

Du second degré, de la musique rock, des costumes méga extravagants, et encore beaucoup d’humour au détour de chaque réplique… Britannicus Tragic Circus a tout pour plaire.

Je ne vous le raconterai pas, c’est quasiment impossible. Les répliques loufoques fusent et les scènes complètement irréalistes se succèdent…. Rien de surprenant à ce que l’on découvre qu’à la question :

« Quelles contraintes vous sont apparues à la lecture, au plateau ? » , Pierre Lericq réponde :

« Aucune ! L’écriture de Jean Racine me nourrit, ce qui me permet de partir dans mon imaginaire…. »

Un imaginaire délirant peuplé de monstres aux sentiments mitigés. Comme ceux qui nous assaillent, sans crierCette adaptation de Britannicus ne fait pas seulement rire. On éclate de rire en effet mais l’émotion portée par le texte est néanmoins bien réelle …

Pierre Lericq, auteur et metteur en scène de la pièce

Britannicus Tragic Circus sera au Festival Off d’Avignon du 7 au 30 juillet à 19h55 au Théâtre du Balcon ( 38, rue Guillaume Puy) 84000 Avignon – Tél. : 04 90 85 00 80) – Réservations ICI

Je vous laisse car j’imagine que vous devez faire vos réservations pour le Festival !

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