Ce programme – conduit par le Muséum national d’Histoire naturelle en partenariat avec la Collectivité de Corse et l’Agence française pour la Biodiversité – a pour objectif de réaliser un échantillonnage des espèces d’algues et d’invertébrés marins et terrestres de l’île.

À partir du 6 mai 2019, les scientifiques de « La Planète Revistée » entament en Corse un programme de 3 ans.

Depuis 2005, le programme « La Planète Revisitée » explore la biodiversité négligée de territoires tropicaux.

Mais il ne faut pas oublier pour autant que des réservoirs de biodiversité se trouvent sous nos yeux.

La Corse regorge aussi d’une diversité de paysages terrestres et marins remarquables.

Elle présente un taux d’endémisme exceptionnel en milieu terrestre et il s’y décrit encore de 5 à 20 nouvelles espèces chaque année.

Pour cette première année d’investigations, un volet marin se déroule du 6 au 26 mai 2019 dans le Parc naturel marin du cap Corse et de l’Agriate afin d’inventorier algues et invertébrés marins.

Créé en 2016, le Parc naturel marin du cap Corse et de l’Agriate est, avec ses 6 830 km2, le plus vaste parc naturel marin de France métropolitaine.

Localités et habitats marins échantillonnés en 2019 © Eric Gaba Wikimedia Commons user: Sting
Localités et habitats marins échantillonnés en 2019 © Eric Gaba Wikimedia Commons user: Sting

Comme un doigt de schiste érigé vers le nord, le Cap Corse présente sur ses côtes un hydrodynamisme contrasté et une multitude d’habitats.

Le Parc, dont le plan de gestion est en cours de rédaction, constitue le site d’étude prioritaire du volet marin 2019 afin d’améliorer la connaissance des espaces littoraux et marins autour du cap Corse et de l’Agriate.

Prairies d’algues brunes, biotopes d’algues calcaires encroûtantes profondes, herbiers de posidonies, micro-estuaires, lagunes côtières, grottes seront notamment explorés du 6 au 26 mai 2019.

Différentes méthodes d’exploration sont déployées : la pêche à pied, des plongées couplées à des méthodes de prélèvement (paniers de brossage, aspirateur sous-marin) et le déploiement de petits engins de pêche (dragues, nasses) pouvant aller jusqu’à 100 mètres de profondeur.

plongée corse biodiversite-NoémieMichez
© MNHN / Noémie Michez

Le laboratoire et la base vie de l’équipe marine sont établis sur la plateforme Stella Mare (UMS 3514 Université de Corse/CNRS).

L’expédition bénéficiera de façon privilégiée des infrastructures, des moyens à la mer ainsi que du savoir-faire des personnels de l’Università di Corsica, partenaire scientifique de cette opération.

Les mollusques, crustacés et algues constituent la cible principale de l’échantillonnage.

Les prospections sont concentrées dans la tranche de 0 à 30 mètres de profondeur avec des incursions dans la tranche de 30 à 50 mètres par des plongeurs qualifiés.

Les échantillons sont ramenés rapidement au laboratoire où la chaîne de tri traite les spécimens vivants.

Les organismes sont triés par grands groupes taxonomiques puis photographiés vivants, leurs couleurs étant une aide essentielle à leur caractérisation.

Dans le cadre du suivi des macro-déchets et des micro-plastiques réalisé par l’Ifremer, les déchets vus au cours de l’expédition sont récoltés et identifiés au même titre que les organismes vivants.

Et ensuite, du 22 juin au 7 juillet 2019, c’est au cœur des massifs forestiers de l’Alta Rocca et de Tartagine que seront inventoriés les insectes et mollusques terrestres.

 Forêt à pin laricio et bouleau dans la vallée de Tartagine © UMS PATRINAT / Julien Touroult
Forêt à pin laricio et bouleau dans la vallée de Tartagine © UMS PATRINAT / Julien Touroult
piège d’interception
Exemple de piège d’interception de type Malaise déployé dans une forêt tropicale. Les insectes volants butent contre la paroi et vont dans un collecteur © MNHN / Alice Leblond

Grâce aux moyens déployés, cet inventaire de biodiversité sera une référence, non seulement pour la Corse et le continent, mais aussi pour les grandes îles de Méditerranée.

© Eric Gaba Wikimedia Commons user: Sting

Il viendra ainsi compléter les données scientifiques collectées, jour après jour, par les acteurs de la conservation de la nature et du développement durable de l’île (Università di Corsica, Parc naturel régional de la Corse, Conservatoire des Espaces naturels de Corse…), sous l’égide de la Collectivité de Corse-Culletività di Corsica et de son Office de l’Environnement-Uffiziu di l’Ambiente di a Corsica.

Loin de s’achever à la fin de la phase de terrain, le projet La Planète Revisitée en Corse se poursuivra pendant de nombreuses années au travers d’ateliers d’identification, d’analyses écologiques et par l’alimentation de bases de données.

Vous pouvez suivre l’expédition quotidiennement sur le blog : laplaneterevisitee-corse.mnhn.fr

Crédits photos: MNHN