Un spectacle original … qui en dérangera plus d’un…

J’avoue qu’ARC EN SEXE – PROSTITUTIONS fait partie des spectacle les plus difficiles qui m’aient été donnés à chroniquer.

Serait-ce parce que le plus important dans ce spectacle, ce n’est pas l’histoire?

D’ailleurs bien qu’il existe un fil conducteur, il ne s’agit pas vraiment d’une histoire mais plutôt d’histoires, de tranches de vie…

Les « tableaux » se succèdent, évoquant des épisodes ponctuels de la vie des 6 personnages.

Des personnages qui sont, à part Antoine, essentiellement des travailleurs du sexe.

ARC EN SEXE – PROSTITUTIONS nous présente leur(s) vie(s) et surtout, leurs douleur(s).

Elisabeth et Paulina, partagent une vitrine dans le trop célèbre quartier rouge d’Amsterdam. Tout en aguichant le client, elles bavardent. Comme deux collègues ordinaires, elles parlent de leur vie, de leurs problèmes, de leurs déceptions, de leurs rêves…

Elisabeth évoque son fils dont elle a été séparée depuis des années et qui lui manque terriblement. Paulina, elle, raconte comment elle a atterri là après la mort de son fiancé. Toutes les deux ont été victimes de ce que l’on appelle pudiquement les « accidents de la vie ». Vous savez ceux dont on a tellement de mal à se remettre et qui vous laissent parfois sur le bord de la route après vous avoir brisé la vie…

Fiona, elle, « travaille » derrière sa webcam. Avant de devenir escort-girl espérant enfin toucher le jackpot… la pauvre fille sera très vite de retour dans la vraie vie, sur le trottoir…

Et puis il y a un homme, Antoine. Lui n’est pas un travailleur du sexe mais il les fréquente de près car il enquête sur les meurtres des prostitués transsexuels et transgenre. Des meurtres qui se sont multipliés au cours des derniers mois.

Antoine est plus ou moins le client de Marika, transgenre qui lorsqu’il lui dit de faire attention à elle, a cette réplique douloureuse:

« Attention à moi? C’est avant qu’il fallait faire attention à moi, quand j’étais jeune, vulnérable, et que je subissais tous les affronts, quand mon père qui n’a jamais accepté ma différence m’appelait par le prénom de mon frère… et me giflait quand je le lui faisais remarquer… »

Et le spectacle se poursuit, de plus en plus dur.

Parfois, entre les scènes, des textes défilent. Très durs eux-aussi. Des textes qui nous rappellent des réalités qu’on voudrait oublier ou ne jamais savoir. Des chiffres, des pourcentages (c’est plus parlant en effet). Le nombre de travailleurs du sexe assassinés, l’évidence de leurs droits bafoués, le pourcentage de mineurs,  le pourcentage de travailleurs du sexe issus des minorités…

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Ce spectacle vous explose au visage. Vous donne une grosse gifle, vous sort de votre petite vie confortable – dont vous vous plaignez certainement parfois – et vous rappelle qu’il y a des gens dont la vie est pire, bien pire.

Je n’ai pas pris de photos. D’une part parce que c’était interdit, d’autre part parce qu’elles ne seraient de toutes façons qu’un pâle reflet du spectacle.

Je tenais juste à vous dire pour terminer que les textes et situations explorées pendant les
auditions et la recherche initiale sont issus de témoignages, documentaires, récits et
figures réels.

Après avoir vu ARC EN SEXE PROSTITUTIONS, en sortant de la salle j’étais étrangement triste.

J’avais cette désagréable impression d’avoir été le témoin d’une agression en n’ayant rien pu faire… Et puis je me suis dit que oui je pouvais faire quelque chose, aider la compagnie le Makila à continuer à dénoncer tout çà.

En incitant mes lecteurs à aller voir ce spectacle, je lutte à mon échelle contre ces injustices faites quotidiennement aux travailleurs du sexe, ces personnes bafouées, ignorées dont l’existence n’intéresse personne.

Peut-être que plus on sera nombreux à être « au courant », à être choqué(s), à en parler, plus on pourra lutter contre ces injustices.

Vous ne croyez pas?

P.S Je ne vous l’ai pas dit (emportée par la thématique) mais les comédiens sont tous exceptionnels. Pour la petite histoire sachez que l’écriture des textes a été finalisée après les auditions, en fonction des interprètes… le résultat est génial.

Bravo les artistes!

Infos pratiques
ARC EN SEXE – PROSTITUTIONS
Mise en scène : Naïsiwon El Aniou
assistée de Clarisse Maillot
Jusqu’au 7 avril
Du jeudi au samedi à 21h30
A la Folie Théâtre
6 rue de la Folie Méricourt
75011 Paris
Réservations en ligne
Distribution prévue pour alternance :
Antoine : Andrea Lanciotti / Nicolas Thuet
Malika : Julia Alimasi / Karim Abdelaziz
Elisabeth : Claire Thevenin / Sylvie Molinari
Paulina : Manon Jomain / Zoé Blangez
Eve : Alicia Bigot / Magali Leon
Fiona : Angela Diana/ Karme Malaga

 

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[…] Entre les jambes est le récit de cette enfance écartelée entre fausses pudeurs et non-dits, mosquée et hammam, ivresses et amants, enfants des rues et prostitution forcée. […]

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[…] reine de l’humour utilise avec talent le stand-up et l’autodérision pour dénoncer le racisme, la haine anti-LGBT et les stéréotypes en […]

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[…] Et aussi transgenre. […]