Aujourd’hui – une fois n’est pas coutume – j’emprunte sa plume à notre spécialiste de la bande dessinée David Rémack pour vous présenter…

PARIS 2119

UN ALBUM FASCINANT de Zep et Dominique Bertail!

  L’HISTOIRE

Paris, 2119. La Ville Lumière n’est plus qu’une cohabitation de quartiers délabrés face à un Paris musée transformé par un art brut qui a mal vieilli.

Clones, drones et les hologrammes envahissent les espaces privés et publics.
Pourtant, quelques éléments du XXIe siècle perdurent encore, tel que le métro, essentiellement squatté par les laissés-pour-compte. Désormais, la plupart des gens se déplacent via le Transcore, cabine individuelle de téléportation proposée à chaque coin de rue.

PARIS 2119, LE NOUVEL ALBUM DE ZEP ET DOMINIQUE BERTAIL Zenitude Profonde Le Mag

Tristan Keys vit dans ce monde dont il rejette la déshumanisation. Tel un marginal, il continue à prendre le métro, à marcher dans les rues, contrairement à sa compagne Kloé, adepte de la téléportation intercontinentale.

Dans cette ambiance rétrofuturiste, des faits inquiétants surviennent…

Une femme, en particulier, émergeant hagarde d’un Transcore, éveille les soupçons de Tristan. Que leur cache-t-on ? Quels intérêts plus sombres le Transcore sert-il sous couvert de la téléportation pour tous ?

Rendez-vous le 23 janvier pour le savoir!

L’INTERVIEW DE ZEP ET DOMINIQUE BERTAIL

Pourquoi Paris, et en 2119 ?

ZEP : C’est dans cent ans. J’avais envie d’écrire un scénario d’anticipation, un genre que j’adore dans la BD
et le cinéma. Cette histoire m’est venue en me promenant dans Paris, un jour où il pleuvait. Je me suis demandé comment serait la ville dans cent ans. Il y a un côté éternel dans Paris. Certains quartiers n’ont pas bougé depuis très longtemps, et on imagine mal qu’ils puissent changer au cours des cent prochaines années. On retrouve donc toujours ce côté assez médiéval presque mêlé à un mode de vie moderne…
Dominique Bertail : Dans l’album, Paris est un peu divisé en deux parties ; des parties abandonnées et un Paris muséal qui est protégé par un champ magnétique qui repousse la pluie, où tout est retapé. J’ai d’emblée aimé l’idée d’avoir à dessiner Paris. Je n’y vis plus mais j’ai longtemps habité cette ville. Je suis retourné dans tous les endroits où j’avais vécu et que j’avais aimés, pour essayer de faire une petite compilation de tous les quartiers que j’avais envie de dessiner : Montmartre, le 8e, les Champs-Élysées, la tour Eiffel… Paris 2119 est un peu un portrait de mon Paris, même si le lecteur ne le verra pas.

Un Paris sans grand monde dans les rues…

ZEP : Est-ce qu’on se déplacera encore dans cent ans ? Moi, je suis un adepte du télétravail. Je suis persuadé que c’est une solution pour la société d’arrêter de se déplacer, de faire cette espèce d’exode le matin et à 17 heures. Je trouve cela atroce. Je pense qu’on se dirige vers cette nouvelle organisation et que le vrai renversement dans l’album, c’est la téléportation.

Dont l’invention part d’une bonne intention, mais…

ZEP : Le progrès part toujours d’une bonne intention, mais il y a aussi toujours des dommages collatéraux qui vont bien au-delà de ce que l’on a pu imaginer. Je pense que ceux qui ont inventé l’automobile ne se disaient pas : « C’est génial, on va pourrir toute la planète. » On trouvait cela super au début. On ne se disait pas qu’on allait rendre notre environnement irrespirable. Je trouve que la science-fiction a un peu ce rôle-là : développer des histoires autour de ces dommages. (…) Ce que je décris est juste une projection futuriste…

L’humanité, dans cet album, c’est Tristan et Kloé…

PARIS 2119, LE NOUVEL ALBUM DE ZEP ET DOMINIQUE BERTAIL Zenitude Profonde Le Mag

DB : J’ai aimé l’idée qu’un couple soit au cœur de cette histoire. Tristan est nostalgique du XXe siècle, un peu rock’n’roll, rebelle. Kloé est belle, puissante, hiératique, sans être dominante. Le fait qu’elle soit noir ébène était une envie de dessin. J’ai mis du temps à la dessiner, parce que j’avais peur de la rater. J’ai donc d’abord fait toutes les séquences dans lesquelles elle n’apparaissait pas, en gardant pour la fin toutes les pages où elle était présente. Tristan et elle, c’est une espèce de yin et de yang.

PARIS 2119, LE NOUVEL ALBUM DE ZEP ET DOMINIQUE BERTAIL Zenitude Profonde Le MagVous seriez comme le personnage de Tristan, nostalgique du XXe siècle, méfiant ?

ZEP : Oui, mais beaucoup moins radical. Si la téléportation existait, je l’utiliserais sans doute. J’aurais envie d’aller instantanément à l’autre bout de la Terre et, en même temps, j’ai un côté nostalgique, donc je continuerais également à prendre le métro…
DB : Quand on a quarante, cinquante ans, on a un côté un peu nostalgique quoi qu’on fasse.

Quelles influences graphiques vous ont inspirées pour créer cet univers?

DB : L’influence de Mœbius est constamment là. Celle de Bilal aussi ! En faisant cet album, je me suis rendu compte à quel point La Foire aux immortels et La Femme piège m’avaient marqué. Il y a très peu d’éléments de science-fiction, mais il y a une ambiance très particulière. Pour l’architecture, je suis pas mal allé piocher dans l’art contemporain. Il y a beaucoup de modules de Sol LeWitt ou de Xavier Veilhan qui ont mal vieilli dans cet album, et des drones qui surveillent la ville. J’ai essayé d’imaginer plusieurs strates d’urbanisme pour rendre ce Paris crédible. Au départ, je voulais une tonalité très années 80, cold wave, art minimal, puis les couvertures d’Art Press me sont revenues en tête, avec cette esthétique un peu rude. J’avais aussi en tête les commandes publiques des années 80 et 90. La présence de Buren, par exemple, qui était franchement intrusive.

J’ai imaginé un futur où il y aurait eu un super Buren ! Après coup, je me dis que cela crée un futur qui répète le passé. Cela devient une espèce de boucle qui devient claustrophobique, et qui enferme les personnages dans cette ville….

Les premières planches m’ont captivée et je suis convaincue que ZEP et DOMINIQUE BERTAIL nous ont concocté un album exceptionnel!

PARIS 2119, LE NOUVEL ALBUM DE ZEP ET DOMINIQUE BERTAIL Zenitude Profonde Le Mag

De vous à moi, j’avoue que j’ai tellement hâte d’avoir cet album entre les mains !

Et dire que je serai obligée d’attendre le 23 Janvier!

Crédits photos: Rue de Sèvres 

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[…] de la petite Vera. Cette histoire de (pas si jolies) colonies de vacances est édité chez Rue de Sèvres au prix de […]

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